Coaching à distance : est-ce que ça marche?
Le Jeudi 21 août 2008
Pour jongler avec des agendas surchargés, de plus en plus de cadres recourent aux services d’un coach à distance. Mais loin des yeux, l’accompagnement est-il aussi efficace qu’en face-à-face ?
Comme chaque mardi à 17 heures, Delphine Wierzbicki, directrice commerciale en pleine reconversion professionnelle, inscrit sur son agenda un rendez-vous avec Eric de Pommereau, son coach. Elle habite en Alsace, il exerce sur la côte Atlantique. Qu’à cela ne tienne, la séance se déroulera par téléphone. Depuis le début de leurs échanges, il y a trois mois, Delphine et Eric ne se sont jamais rencontrés. « Ce n’est pas un problème, assure la première, qui s’apprête à créer son entreprise. Nos discussions représentent une véritable clef dans mon changement d’orientation professionnelle. Malgré la distance, je constate de sérieux résultats. » Avec le développement des outils de travail à distance - téléphonie sur internet, logiciels de vidéo-conférence -, un nombre croissant de coachs et de clients choisissent de mener leurs entretiens à distance. Sur le papier, cela paraît tentant. Mais au-delà des avantages - souplesse et gain de temps -, l’éloignement n’est-il pas un obstacle ?
Disponibilité
Pour Eric de Pommereau, coach à la tête d'un cabinet basé à La Rochelle, « le coaching s’adapte à toutes les situations, même à distance. A condition de respecter certaines conditions. » La première coule de source : pour que ça marche, il faut que le coach et son client soient d’accord sur ce mode de fonctionnement. « Le coaching suppose une adhésion pleine et entière. Si l’un des deux partenaires n’est pas partisan de cette relation à distance, la réussite de l’accompagnement sera aléatoire », explique Nelly Sayagh, P-DG de The Coach, un cabinet spécialisé en gestion des risques. La réussite du coaching dépend d’une seconde exigence : la disponibilité du client. Or, sur les agendas surchargés des managers, il est parfois plus simple de dégager du temps pour un entretien téléphonique que pour une rencontre en face-à-face. Une souplesse en effet particulièrement appréciable pour Christophe Courret, coach à Estrablin, un petit village en Isère. « En cas d’indisponibilité de dernière minute, il est plus commode de reporter une séance prévue au téléphone que si le coach s’était déplacé spécialement pour vous. »
Plus concentré
Au gain de temps s’ajoute un autre avantage, l’efficience. Au téléphone, on s’embarrasse moins de préliminaires : une fois le « bonjour » échangé, coach et client entrent dans le vif du sujet. Lors de ses séances au téléphone avec Delphine Wierzbicki, Eric de Pommereau a constaté une intensité tout à fait particulière. « On compense la distance par un surcroît de concentration à l’écoute, on va droit au coeur de l’émotion. Avec l’expérience, on arrive à déceler ce qui va ou ne va pas, on reformule les silences. » Pour Christophe Courret, la distance permet même une meilleure collaboration. « Je peux répondre dans l’instant à une problématique donnée, en allant chercher par exemple un ouvrage dans ma bibliothèque, pour en lire des extraits. »
Pour ce coach, la distance ne constitue pas un obstacle à la réalisation des exercices de détente et de respiration, parfois mis à profit lors des séances. « Avec un téléphone sans fil équipé d’un haut parleur, on a toute la liberté de mouvement nécessaire. Et si le coaché souhaite bénéficier d’un contact visuel, il suffit d’utiliser une webcam. » Quand on fonctionne à distance, en outre, on peut aussi au préalable envoyer un document par mail pour préparer une séance. Une possibilité dont il ne faut pas se priver, selon Eric de Pommereau, « notamment dans des domaines comme la gestion du stress, où l’écrit est un outil puissant, qui aide à visualiser ce qu’on a en tête ».
Fin de la spirale d'échec
C’est justement dans les situations de stress, de crise ou d’urgence que le coaching à distance fait la différence. Car il permet d’organiser une séance imprévue au pied levé. « Un rendez-vous express par téléphone, ou via une webcam, peut être très efficace pour répondre à une demande précise », confie Pierre Fasquelle, directeur d'un cabinet de conseil en management. C’est ce qu’a apprécié également Laurent Gasse, un DRH lors d'une période de recherche d’emploi. « Avant de rencontrer ma coach, j’étais dans une spirale d’échec. Même quand je partais favori, j’étais coiffé sur le poteau. Epaulé à distance par mon coach, tout a changé. Avant chaque entretien, avec un simple coup de fil, elle m’encourageait à élaborer une stratégie. Très vite, j’ai reçu deux propositions fermes. » Mais de l’avis de Nelly Sayagh, qui pratique des mini-séances téléphoniques de 15 minutes pour dénouer des situations ciblées, il convient de ne pas en abuser. « Le fait de pouvoir se contacter facilement ne doit pas créer de dépendance. Sinon, le coaché risque de tomber dans une relation maternante, contraire à l’objectif recherché. »
S’il semble tout indiqué pour les cadres pressés, le coaching à distance prive du contact. Or c’est justement d’une rencontre, d’une poignée de main, d’un regard, que découle la relation de confiance. C’est pourquoi Pierre Fasquelle conseille fortement de se rencontrer, au moins une fois avant de démarrer le processus. « Beaucoup de choses passent par le langage non verbal, la gestuelle. C’est à ce moment précisément que le feeling s’installe ou non. C’est donc un préalable important. »
Trouver le bon compromis
Dans le cadre d’un coaching en entreprise, un accompagnement sur le terrain peut aussi se révéler nécessaire. En observant son client dans son environnement professionnel, en regardant sa façon de manager ses collaborateurs ou de prendre la parole en public, le coach a la possibilité de dégager une vision plus complète de la situation. Sa présence physique peut aussi avoir des effets apaisants lorsqu’on aborde ou que l’on débriefe des situations tendues. « Quelle que soit la manière dont on communique, le coaching idéal respecte la personne et se centre sur sa motivation, rappelle Eric de Pommereau. Finalement, alterner séances à distance et en face-à-face peut présenter un bon compromis. »
Source : Courrier Cadre
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